À GENÈVE, le 6 octobre 2012,
Fruzsina Szuromi porte très haut le nom de Kodály
par Édouard Garo
Membre d'honneur d'International Kodály Society et de La Voix de Kodály en France
Issue d'une famille de musiciens d'opéra, Fruzsina Szuromi se passionne très vite pour le travail de la voix en groupe ou en soliste. Elle commence le piano dès l'âge de 5 ans et intègre l'Académie de Musique Franz Liszt de Budapest à 18 ans où elle obtient ses Masters de Direction de Chœur et de Pédagogie Kodály. Elle poursuit sa formation à la Haute École de Musique de Genève où elle obtient un diplôme de Direction de Choeur et d'Accompagnement au Piano. Elle travaille également le clavecin et le clavicorde. En tant que pianiste, Fruzsina accompagne différents stages, master classes et cours lyriques à la Haute École de Musique de Genève. Spécialiste de la méthode Kodály, elle a longtemps enseigné la formation musicale à l'école de musique Studio Kodály de Genève où elle dirigeait également le chœur d'enfants. Aujourd'hui, Fruzsina est titulaire d'un poste d'accompagnement des chœurs du Conservatoire Populaire de Genève et elle dirige le chœur de l'Université de Lausanne.
Fruzsina Szuromi est membre de La Voix de Kodály en France
Dans une ville qui, comme Genève, peine à reconnaître Kodály le pédagogue, Fruzsina Szuromi vient d’ouvrir une brèche dans le mur d’incompréhension érigé autour du nom de Kodály en présentant le compositeur dans son environnement. Cette jeune cheffe de chœur commence, il y a trois ans à peine, par créer un ensemble vocal au nom peu prétentieux, l’Ensemble vocal Buissonnier, rassemblant de jeunes chanteurs de Genève et environs au bénéfice d’une solide formation vocale. Par un travail inspiré de principes kodályens rehaussés du bel enthousiasme que sait lui communiquer sa fondatrice, ce chœur connaît très vite ses premiers succès, ce qui lui vaut d’être invité le 6 octobre dernier, par les Concerts de la Cathédrale de Genève, dont il inaugure la saison musicale avec un programme consacré aux musiques d’Europe centrale.
Disons-le tout de suite : ce concert de l’Ensemble vocal Buissonnier fut d’une qualité exceptionnelle, comparable sur le plan choral à ce qu’on peut entendre de mieux en Hongrie. Entièrement composé de pièces profanes d’inspiration populaire son programme invitait le public à s’évader - «faire de l’école buissonnière» en somme-. Loin des murs austères de ce haut lieu du calvinisme, il l’emmenait respirer l’air des grands espaces de la puszta. En chemin, quelques instruments l’engageaient de loin en loin, à entrer dans un csardas : flûte de pan, violon, cimbalom, contrebasse et percussion. Les interventions instrumentales alternant avec le chant permettaient d’honorer au passage Bartók, Ligeti, Martinu et Janacek mais aussi et surtout Kodály avec ses chœurs a capella emblématiques : Túrót eszik a cigány, Esti dal (Chant du soir) et Hegyi Éjszakák (Les nuits de la montagne). Le public conquis ne mesura pas son enthousiasme. Il réserva une ovation sans fin aux instrumentistes, aux chanteurs et à leur cheffe Fruzsina Szuromi.
Fruzsina Szuromi a réussi là un grand coup en amenant les Genevois à la connaissance de Kodály par sa musique vagabonde, une musique tout à la fois joyeuse et poétique, sur laquelle, du reste, notre compositeur fondera sa fameuse pédagogie. Démonstration a été faite que celle-ci ne sera jamais mieux servie que par l’exemple de l’excellence à laquelle elle mène, mais aussi qu’elle ne sera jamais mieux reçue que par un chœur, non pas venu de loin, mais formé dans la région. Dans une cathédrale où se pressait un public de tous horizons, allant du mélomane averti au simple curieux, tout le monde participait à la fête.
Bravo au bien nommé Ensemble Vocal Buissonnier et à sa valeureuse directrice.
Photos par Claude Laffely